The Amazing Keystone Big Band

Dimanche 31 mars ı 18:00
Auditorium Rainier III
18H – CONCERT – Auditorium Rainier III
<p>The Amazing Keystone Big Band</p>
1h15 sans entracte

The Amazing Keystone Big Band

Vincent Labarre, Thierry Seneau, Félicien Bouchot et David Enhco, trompettes
Aloïs Benoit, Loïc Bachevillier, Sylvain Thomas et Bastien Ballaz, trombones
Pierre Desassis, Kenny Jeanney, Eric Prost, Jon Boutellier et Ghyslain Regard, saxophones
Thibaut François, guitare
Fred Nardin, piano
Patrick Maradan, contrebasse
Romain Sarron, batterie
Lucie Joliot, lumières
Guilhem Angot, son

The Amazing Keystone Big Band Plays Count Basie

The Kid from Red Bank
Teddy the toad
Basie – straight ahead
Cherokee
After super
Duet
Wind machine
Flight of the foo birds
Splanky
Lil’ darlin’
Hay burner
Magic Flea

En collaboration avec le Monte-Carlo Jazz Festival

 


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Pour son second concert au Printemps des Arts de Monte-Carlo cette année, The Amazing Keystone Big Band s’empare d’un album mythique de Count Basie, The Atomic Mr Basie, et ajoute d’autres titres emblématiques du « Comte » pour constituer un programme-portrait des plus fidèles.

Tarifs concert
CAT.1 :
30
CAT.2 :
20
PACK 4 CONCERTS ET + -25% CAT.1 :
23
PACK 4 CONCERTS ET + -25% CAT.2 :
15
-25 ans :
Gratuit*
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Octobre 1957. Alors que le lancement du premier satellite Spoutnik marque le début de la conquête spatiale et que le grave incendie à la centrale nucléaire de Windscale, en Grande-Bretagne, s’ajoute à la liste grandissante des catastrophes engendrées par le développement de l’énergie atomique à l’échelle mondiale, Count Basie et ses musiciens enregistrent à New
York un album qui fera date dans l’histoire du jazz : The Atomic Mr Basie.

L’actualité provocatrice du titre et de la pochette (représentant le fameux champignon caractéristique des nuages nucléaires) laisse entendre une ambition claire : une nouvelle ère a commencé, et le « Comte » a achevé la transformation de son big band vers une modernité toute explosive. L’engouement pour les orchestres de swing, dont Basie faisait partie aux côtés de Duke Ellington, Benny Goodman et leurs collègues, avait commencé à s’essouffler à la fin des années 1940 au point que le Comte avait dissout son orchestre pour privilégier des formations plus réduites. Lorsqu’il reforme un big band en 1952, Basie comprend qu’il lui faut renouveler l’identité sonore de sa formation et l’adapter aux temps nouveaux qui prennent le nom de bebop. Pour ce faire, il fait appel à plusieurs arrangeurs, parmi lesquels Ernie Wilkins, Frank Foster, Thad Jones, et surtout Neal Hefti, l’artisan des onze morceaux qui composent The Atomic Mr Basie.

Quelle est la recette de ce nouveau swing ? Plus libre que dans l’entre-deux guerres, il s’autorise des intermèdes de contemplation lyrique et de contrastes dynamiques. Plutôt que de jouer section contre section dans des structures d’appel et de réponse, il trouve grâce à la patte de l’arrangeur de plus en plus de moyens de superposer les groupes d’instruments dans des ensembles harmoniques plus vastes. Finalement, ces ensembles, dont la fonction traditionnelle était d’agir comme une sorte de métronome pour les danseurs, se sont comme lassés de cette contrainte et exigent dorénavant d’être écoutés attentivement et souvent plus longuement. L’improvisation étendue est abandonnée au profit d’œuvres composées de bout en bout, et les solos font partie intégrante du concept global.

Dans le cas de The Atomic Mr Basie, le pari réussit : le succès retentissant de l’album montre que les big bands peuvent encore jouer un rôle essentiel dans la musique d’après-guerre, tout en continuant à swinguer. D’emblée, Basie réaffirme ses origines avec « The Kid From Red Bank », sa ville natale dans le New Jersey. C’est à Red Bank que sa mère, pianiste passionnée, lui donnait ses premières leçons de musique à la fin des années 1900. Le piano, premier amour de Basie avant qu’il ne devienne leader de big band et prenne le titre de « Comte », est donc mis à l’honneur dans ce morceau d’ouverture de l’album : ses solos alternent avec des montées de cuivres qui en imposent par leur caractère bouillonnant, le tout dans un tempo effréné qui annonce bien la couleur rouge dynamite de ce nouvel opus.

Dans la même veine, citons encore « Flight of the Foo Birds » ou « Whirly-Bird », dont le vocabulaire ornithologique rend sans aucun doute hommage à l’ambassadeur du bebop par excellence, Charlie « Bird » Parker, disparu deux ans avant l’enregistrement de The Atomic Mr Basie. Comment ne pas ajouter à cette débauche de virtuosité et de vitesse « Cherokee », le thème fétiche de Parker ? The Amazing Keystone Big Band choisit en effet pour ce programme atomique de déborder de l’album mythique pour mieux le représenter, puisque « Cherokee » comme d’autres thèmes plus tardifs – « Basie-Straight Ahead », « Hay Burner » et « Magic Flea », enregistrés par l’orchestre de Count Basie en 1968, ou encore « Wind Machine » qui date de 1975 – viennent compléter le portrait incandescent de ce roi du swing à l’ère nucléaire.

Le programme n’est pour autant pas dénué de nostalgie et d’une délicatesse de nuances qui tranchent nettement avec la vigueur débridée des titres que nous venons de citer. Basie ne se départit pas d’une certaine tendresse bluesy, palpable dans « Splanky », « After Super » ou encore « Duet » ; la nouveauté n’a pas complètement supplanté l’ancien, et l’arrangeur de génie Neal Hefti s’en garde bien. Il semble être au summum de son art dans la composition du dernier titre de l’album, le langoureux et célébrissime « Lil’ Darlin’ » qui, selon la légende, devait être exécuté sur un tempo medium voire rapide, et que Basie décide de ralentir à l’extrême. Le thème descendant aux trompettes assourdies fait retomber dans l’atmosphère quelques notes égarées après les détonations qui ont précédé. Un atterrissage tout en douceur qui inspirera ces mots chantés par Henri Salvador dans une reprise simplement intitulée « Count Basie » :

Tous les matins quand j’sors du lit
Je mets un disque de Count Basie
Il ne m’en faut pas davantage
Pour m’enlever tous mes soucis
Juste un p’tit disque de Count Basie
En prenant mon café au lit

Manon Fabre

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