Karol Mossakowski

Jeudi 04 avril ı 20:00
Église du Sacré-Coeur
Before & After
18H – RENCONTRE - Église du Sacré-Cœur, salle du presbytère
18H – RENCONTRE - Église du Sacré-Cœur, salle du presbytère
Les « Before » et « After » sont réservés aux détenteurs d’un billet de concert

avec Karol Mossakowski, organiste,
modérée par Tristan Labouret, musicologue

20H – CONCERT - Église du Sacré-Cœur
<p>Karol Mossakowski, orgue</p>
1h10 sans entracte

Karol Mossakowski, orgue

Johannes Brahms (1833-1897)
Prélude et Fugue en sol mineur, WoO 10

1. Allegro di molto
2. Fugue. Tempo giusto

Préludes de choral, op. 122

4. Herzlich tut mich erfreuen
10. Herzlich tut mich verlangen

Louis Vierne (1870-1937)
Pièces de fantaisie, suite n° 2, op. 53

4. Feux follets
5. Clair de lune
3. Hymne au soleil

Olivier Messiaen (1908-1992)
Messe de la Pentecôte (extraits) : Communions,
Les oiseaux et les sources
Livre du Saint-Sacrement : La joie de la grâce

Maurice Duruflé (1902-1986)
Prélude et Fugue sur le nom d’Alain, op. 7

Jehan Alain (1911-1940)
Litanies, JA 119

Karol Mossakowski (1990-)
Improvisation

21H30 – AFTER - Opéra de Monte-Carlo, Café de la Rotonde
21H30 – AFTER - Opéra de Monte-Carlo, Café de la Rotonde
Les « Before » et « After » sont réservés aux détenteurs d’un billet de concert

avec Karol Mossakowski

L’organiste (et improvisateur) Karol Mossakowski livre un récital ouvert sur la lumière du monde. Du Clair de lune rêveur de Louis Vierne aux éblouissantes Litanies de Jehan Alain, l’éclairage est changeant mais les couleurs toujours superbes.

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De manière générale, le tarif de nuit est applicable à partir de 19h : 0,20€ par tranche de 15 minutes*

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Ce programme réunit des pièces dont un des points communs les plus saillants est la lumière, dans ses différentes déclinaisons. Éclairage intense (Hymne au soleil) ; énergie prodigieuse ou espérance d’un jour nouveau (Prélude et Fugue en sol mineur, Herzlich tut mich erfreuen) ; progression irrésistible vers la clarté la plus puissante (Fugue sur le nom d’Alain, Litanies) ; lumière tamisée (Feux follets, Clair de lune, Les oiseaux et les sources, La joie de la grâce, Prélude sur le nom d’Alain).

Le jeune Johannes Brahms, « celui qui devait arriver ! » d’après Robert Schumann, signait ses partitions « Kreisler junior ». Impétueux, passionné, nourri du langage des musiciens du nord de l’Allemagne, il composa à l’âge de 23 ans deux Préludes et Fugues fougueux et une ténébreuse Fugue en la bémol mineur. Le diptyque en sol mineur qui ouvre le programme en est un témoignage éloquent, sorte d’hommage à la Fantaisie et Fugue dans le même ton de Bach, qui nous fait regretter de ne pas pouvoir profiter d’autres chefs-d’œuvre de cette trempe dans ce domaine ! Car il fallut attendre quarante ans pour retrouver des pages pour l’orgue, Onze Préludes de choral op. 122, composés au soir de sa vie à Bad Ischl dans le Salzkammergut, en Autriche, région bordée de lacs. Lumière solaire avec le quatrième choral sous lequel Brahms a recopié les paroles du chant allemand : « Il me réjouira du fond du cœur, le bel été où Dieu renouvellera et embellira tout pour l’éternité. » Recherche de la paix avec le dixième : « De tout cœur j’aspire à une fin paisible… »

Avec Louis Vierne, nous franchissons des frontières géographiques et temporelles. Plus d’une génération après Brahms, ce musicien presque aveugle, disciple de César Franck, fut à la fois un virtuose de l’orgue (titulaire de l’instrument prestigieux de Notre-Dame de Paris) et un compositeur fécond dans la plupart des domaines instrumentaux et vocaux. En 1926-1927, il réunit vingt-quatre pièces dites de fantaisie, parcourant tous les tons majeurs et mineurs, et apportant des éclairages poétiques variés. Pièces de concert, elles ont permis de mettre en avant ses qualités de coloriste lors de ses récitals, notamment aux États-Unis et, ponctuellement, de fournir des sorties grandioses pour les offices de Notre-Dame de Paris. Les trois morceaux de ce soir sont extraits de la Deuxième Suite op. 53. « Feux-follets » est un témoignage de l’écriture volontiers sarcastique de Vierne ; « Clair de lune » évoque l’univers de Verlaine (« Au calme clair de lune triste et beau / Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres / Et sangloter d’extase les jets d’eau ») ; à l’opposé, « Hymne au soleil » est une pièce radieuse, sorte de parodie moderne des nobles ouvertures à la française du XVIIe siècle.

Les oiseaux dialoguent avec les sources dans un éclairage tamisé avec la première pièce d’Olivier Messiaen, extraite de la Messe de la Pentecôte (1949-1950), que le compositeur avait conçue comme l’ultime témoignage écrit de ses vastes improvisations réalisées à ses claviers de l’orgue de la Trinité à Paris. Il donna l’œuvre entière en première audition pendant l’office de cette grande fête ; les oiseaux chantent maintenant en pleine lumière dans « La joie de la grâce », extrait du Livre du Saint-Sacrement, achevé en 1987. Leurs chants sont le seul matériau sonore (avec le silence) de cette pièce « ailée ».

La mort tragique de Jehan Alain à la bataille de Saumur le 20 juin 1940 a été ressentie avec une vive émotion par ses amis. Maurice Duruflé, son aîné de neuf ans, a composé peu après cet évènement un diptyque sur les lettres du nom ALAIN : s’inspirant du nom des notes dans les pays germaniques, ce patronyme donne le thème la-ré-la-la-fa. À un prélude gracile mais s’enfonçant subtilement dans les ténèbres, succède, après une courte transition en récitatif libre reprenant le thème des Litanies de Jehan Alain, une fugue qui apparaît comme une course passionnée vers la pleine clarté d’un possible au-delà.

Et ce sont justement ces fameuses Litanies que nous entendons ensuite. En tête de l’un de ses manuscrits, Jehan Alain a indiqué : « Quand l’âme chrétienne ne trouve plus de mots nouveaux dans la détresse pour implorer la miséricorde de Dieu, elle répète sans cesse la même invocation avec une foi véhémente. La raison humaine atteint sa limite. Seule la foi poursuit son ascension. » Cette pièce « éclatante et brève » selon l’auteur a été composée en 1937 et demeure à ce jour un des plus éblouissants chefs-d’œuvre jamais écrits pour l’orgue.

Reste à découvrir vers quelles contrées, quels soleils, mais aussi quels crépuscules Karol Mossakowski va nous entraîner dans son improvisation finale. Cet art de la composition spontanée fut et est encore une particularité des organistes ; au-delà de cet univers particulier de l’instrument à tuyaux, n’oublions pas que ce fut aussi l’apanage de très grands compositeurs, tels Beethoven ou Liszt !

Éric Lebrun

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