STOCKHAUSEN

Mercredi 12 mars ı 19:30
Galerie Hauser & Wirth
Before
14H - 17H – MASTERCLASS — Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, salle Mozart
14H - 17H – MASTERCLASS — Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, salle Mozart

avec Aya Kono, violon

18H - RENCONTRE — Galerie Hauser & Wirth
18H - RENCONTRE — Galerie Hauser & Wirth
Les « before » sont proposés sur réservation obligatoire, uniquement pour les détenteurs d’un billet de concert.

« Boulez : éclats multiples »
avec Bruno Mantovani, directeur artistique du festival
modérée par Tristan Labouret, musicologue

19H30 – CONCERT - Galerie Hauser & Wirth
<p><strong>Karlheinz Stockhausen</strong> (1928-2007)<br />
<em>Stimmung</em></p>
1h10 sans entracte
Neue Vocalsolisten © Martin Sigmund

Karlheinz Stockhausen (1928-2007)
Stimmung

Neue Vocalsolisten
Johanna Vargas
Susanne Leitz
NN
Martin Nagy
Guillermo Anzorena
Andreas Fischer

Célèbre ensemble vocal de Stuttgart spécialisé dans la musique contemporaine, les Neue Vocalsolisten interprètent une oeuvre de légende, faite de murmures, de magie, d’harmonies insaisissables et de rituels profonds : Stimmung de Karlheinz Stockhausen.

Tarifs concert
PLEIN TARIF :
30
PACK 4 CONCERTS ET + (25%) :
23

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De manière générale, le tarif de nuit est applicable à partir de 19h : 0,20€ par tranche de 15 minutes*

Sauf pour certains évènements pour lesquels le forfait Spectacle "Festival Printemps des Arts" s’applique.

* Sous réserve de modifications

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Trois hommes et trois femmes, assis en cercle, tiennent un microphone à la main.

 

Une première voix entonne avec douceur un petit motif rythmique sur une seule note, qu’elle répète, comme si elle marmonnait une formule magique dans une langue inconnue composée de voyelles. Qu’une voyelle soit plus ou moins ouverte, alors la voix, en déplaçant les lèvres ou la langue, émet dans les aigus des harmoniques de cette note fondamentale : les sons partiels, qui composent le spectre harmonique de n’importe quel son, et qui pour être audibles demandent qu’on ouvre l’oreille à l’imperceptible.

 

En allemand, Stimmung veut dire accord, comme un instrument qu’on accorde, un accord joué au piano, une voix trouvant sa juste intonation, mais aussi un état d’esprit, une manière d’être, une atmosphère, ou une entente, une union, une harmonie. Enfin, Stimmung renferme le mot Stimme, qui signifie : la voix.

 

Selon ce que la partition indique, pendant que la première voix chante, les autres peuvent se reposer. Elles peuvent aussi chanter, et reproduire son motif mais sur une autre hauteur de note ; ou bien transformer progressivement le motif qu’elles étaient en train de chanter pour s’identifier à elle, à l’exception de la hauteur ; ou encore reproduire son motif, mais avec des variations de rythme, d’intensité ou de hauteur ; ou aussi chanter çà et là, en s’alignant sur les hauteurs des autres chanteurs avec de petits glissandi qui engendrent des mélodies intérieures. Lorsque la première voix perçoit que toutes les voix sont parvenues à s’accorder, elle fait un signe pour passer au motif suivant, et c’est alors une autre voix qui entonne une nouvelle note.

 

À certains moments, c’est le « nom magique » d’une ou plusieurs divinités issues de toutes les religions du monde — aborigène, hébraïque, indonésienne, bouddhiste, aztèque, sioux, égyptienne, musulmane, grecque, maorie… — qui est répété. À trois reprises, un poème érotique composé par Stockhausen est récité « avec beaucoup de variations de hauteur, sans exagération, de manière joyeuse et sereine, accompagné de gestes adressés aux autres voix », est-il précisé dans la partition. À d’autres moments encore, le marmonnement de voyelles laisse place à un mot, un chuchotement ou un souffle.

 

Karlheinz Stockhausen a retranscrit en alphabet phonétique international les voyelles qu’il faut prononcer afin de faire résonner l’harmonique attendu, noté aussi précisément que la formule rythmique du motif et le tempo dans lequel il est entonné. Il a aussi déterminé l’enchaînement des 51 moments, correspondant chacun à un motif différent, qui composent la forme entière de l’œuvre, et à quels moments les noms magiques sont prononcés. Il a prédéfini laquelle des six voix entonne en premier un motif, sur quelle note, et sur quelle autre note les autres voix s’accordent chacune avec elle.

 

Les six notes fondamentales sur lesquelles les voix émettent des harmoniques correspondent elles-mêmes aux harmoniques d’un si bémol grave qu’on n’entendra jamais. Lorsque les voix chantent ensemble résonne un doux accord de neuvième de dominante sur si bémol, moiré d’harmoniques. Stimmung est cet unique accord de 70 minutes, animé de l’intérieur par la superposition de pulsations répétées à des vitesses différentes qui engendrent de nouveaux motifs. L’œuvre, qui a grandement contribué à établir la légende de Stockhausen, a été interprétée des centaines de fois, notamment dans l’auditorium sphérique conçu pour le pavillon allemand de l’exposition universelle d’Osaka en 1970, où plusieurs millions de visiteurs ont entendu sa musique.

 

Pour expliquer la dimension méditative et mystique de l’ouvrage, on a invoqué l’imprégnation de la pensée orientale et les tendances new age de la culture hippie — Stockhausen a enseigné la composition à l’Université de Californie à Davis entre 1966 et 1967, année du « Summer of Love ». On a aussi pu faire le rapprochement entre les techniques vocales utilisées pour produire les harmoniques de Stimmung et le chant diphonique de Mongolie. Mais c’est au retour d’un voyage au Mexique dans les ruines aztèques et mayas que la partition, traversée d’une ritualité profonde, a été écrite. « Il n’y a que le son, le sentiment général que m’ont inspiré les plaines mexicaines, avec leurs édifices qui montent vers le ciel. Le calme plat, d’un côté, et brusquement le changement, de l’autre ».

 

Stimmung a été composée durant l’hiver 1968 à Long Island. « Le vent n’a pas arrêté de souffler avec une force inimaginable ; par la fenêtre je voyais la neige tomber sur l’eau, et je n’ai vu que cela pendant toute la période où j’ai composé ». Répondant à une commande de la ville de Cologne pour le Collegium Vocale, il esquisse d’abord une musique faite de nombreuses mélodies, qu’il chante à tue-tête, dans la petite maison qu’il occupe alors avec sa femme la peintre Mary Bauermeister, à qui l’œuvre est dédiée, et leurs deux enfants âgés d’à peine un an. Mais les enfants demandent de l’attention le jour, et du silence la nuit. Alors Stockhausen cesse de chanter pour se mettre à murmurer, la nuit, des mélodies d’harmoniques inspirées par les sons multiples que fredonne Simon dans son berceau. « Rien d’oriental, rien de philosophique : juste les deux bébés, une petite maison, le silence, la solitude, la nuit, la neige, la glace (la nature aussi était endormie) : pur miracle ! »

 

Lambert Dousson

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