Sieste musicale 2.0 pour flûtes et électronique en quadriphonie
Mes siestes musicales s’adressent à tous les publics. Elles proposent aux familles, travailleurs, vacanciers, mélomanes de s’allonger et d’entrer dans une écoute au service de l’imaginaire. Réunissant des styles très différents, de l’ambient à des compositions plus abstraites, le choix des musiques invite à l’abandon et au repos grâce notamment aux sons planants des flûtes traversières et profonds de la flûte contrebasse.
Le public peut être soit allongé, soit dans un transat, soit sur une chaise. Il est entouré de quatre enceintes et ainsi baigne dans un univers sonore multidimensionnel, sensation que l’on n’éprouve pas lors des concerts classiques où le son est essentiellement frontal. Nulle autre musique que les musiques contemporaines n’a trait si fortement à l’imaginaire. Par leur abstraction, elles permettent à chacun de s’évader, par leurs mélanges de timbres subtils, elles affinent l’écoute. La notion du temps est également importante. S’arrêter un moment, s’installer pour « juste » écouter de la musique est une démarche opposée au rythme effréné et multitâche de notre société. C’est pourquoi la position couchée répond physiquement à cette problématique. Elle permet dans un premier temps de se relaxer, et ensuite de laisser l’esprit jouer avec les sons, d’alterner les types d’écoutes plus ou moins conscientes, entre méditation et écoute active.
Ces séances de 45 minutes invitent à voyager dans un univers venant de l’Extrême Orient, puisque chaque composition est empreinte de la culture nippone des quatre dernières décennies. On commence dans les années 1990 avec la référence absolue de la musique contemporaine japonaise en la personne de Tōru Takemitsu et l’une de ses dernières pièces, composée un an avant sa mort : Air. Cette pièce pour flûte seule dédiée à mon professeur Aurèle Nicolet pour ses 70 ans navigue à merveille entre monde occidental et oriental lors d’une mélopée invitant à la méditation.
Pendant la décennie suivante, une compositrice également très ancrée dans la culture populaire de son pays, la Roumanie, a composé une pièce pour flûte et électronique. Avec Japanese Garden, Doina Rotaru nous emmène dans un monde féerique par l’évocation d’un jardin japonais. Grande connaisseuse de la flûte traversière, elle parvient à trouver des sons inouïs que ce soit à la flûte basse, à la flûte en ut ou au piccolo, qui nous sortent de tout contact avec la réalité.
Née à Kyoto, Malika Kishino s’est également imposée comme l’une des références de la musique contemporaine japonaise. Sa pièce Monochromer Garten VIII fait partie d’un cycle composé pendant les années 2010. Si elle reste attachée à la tradition japonaise, c’est davantage en tant que contexte culturel que par des références à la tradition musicale japonaise. La caractéristique esthétique dominante de ses œuvres est la création d’un « organisme sonore », principe selon lequel une composition dispose — à l’instar de toute vie organique — d’une période de développement, d’un moment propre et d’une forme spécifique.
Enfin, la sieste musicale se termine par la création mondiale d’une de mes pièces. Naisei signifie « Introspection » en japonais. À travers un dispositif de transformation du son en temps réel et en quadriphonie, l’immersion sonore est totale et plonge l’auditeur dans un voyage onirique où musique traditionnelle japonaise, sons citadins ou naturels de la vie courante, références au cinéma se mélangent aux sons profonds des flûtes basse et contrebasse pour suspendre le temps et l’espace.
Fabrice Jünger